Geant vert ou l'agent 004 : une plongée dans l'histoire ! (Oxygers inside)

Au hasard de ses recherches notre ami Eric a trouvé un Oxygers 57 bien intriguant pour sa collection, il était en effet peint en vert : une indication que cette machine était ancienne puisque les premiers Oxygers étaient verts :





la problématique : l'état lamentable de la machine !!!! ... Eric dis "dans son jus", mon oeil d'ingénieur dis "ruiné"

A force de persuasion, je lui propose une restauration de la machine : je n'ai jamais vu d'Oxygers vert restauré et je pense que cela serai une pièce importante de sa collection ..... l'homme est têtu   et doute que l'on puisse faire quelque chose ....

a la vue du boulot que j'avais pu faire sur mon 2eme Oxygers entièrement restauré j'ai fini par le convaincre de me confier "géant vert"

Aujourd'hui le long travail de résurrection a commencé : première tache : démontage ! et la on peut dire que le bilan n'est pas brillant : toutes les fis sont soudées par la corrosion a l'eau de mer  

il me faudra donc deux longues heures pour parvenir a extraire ces dernières, n'ayant pas d'autres choix que de les sacrifier pour parvenir a la coque nue



l'état de l'injecteur oxy n'est pas non plus au mieux de sa forme avec une tige d'injecteur tordue



ma la surprise du jour viens de .... la !  



N° de série 04 PD !! le PD ne désigne pas les gouts sexuels de la machine   mais en verbiage militaire signifie "Prototype de Développement" : une machine confiée pour essai aux unités opérationnelles .... et en plus la 4eme machine !!! nous avons a faire a une pièce historique : peut être le plus ancien Oxygers 57 existant aujourd'hui

on notera un détendeur en laiton chromé qui sera ensuite replacé par une version traitée noir



enfin la coque nue prête a recevoir un traitement adapté : ponçage, décapage et bien sur peinture verte : mes recherches sur la couleur m'ont guidé vers le seul vert kaki utilisé dans les armées Françaises dans la période 50-70 : le "vert armée" dont j'ai commandé la peinture





le plastron nécessitera lui aussi une petite "remise ne forme"



toutes les pièces démontées sont soigneusement gardées (y compris les vis qui seront remplacées) : notez le bouton de réglage de la palette lui aussi vert



Voila l'aventure de cette restauration viens juste de commencer : je partagerai bien sur avec vous les prochaines étapes !

A suivre ......

La collection d'Eric réserve bien des surprises!
Sacrée pièce quand même, là....

superbe découverte, un grand merci d'avance pour le boulot (qui va être important)

c'est une sacrée pièce quand même

petite note sur les affirmations que j'ai pu lire sur facebook : non l'Oxygers n'a pas une finition au gel coat , mais bien peinte

non l'oxygers n'a pas eu les 3 variantes décrites sur FB mais les suivantes

1er type : dont "géant vert" est un superbe exemple : un starifié fibre de verre et résine epoxy, une couche de gel coat probablement teintée, et une peinture verte (les deux verts n'ont pas du tout la même teinte)

2eme type : stratifié fibre de verre résine epoxy , gel coat ou après a peinture blanc, peinture noire ou verte

3eme type : remplacement du stratifié fibre de verre par de la résine epoxy seule non armée, après ou gel coat blanc , peinture noire

il n'est pas impossible qu'il y ai eu d'autres variantes, mais celles que je décris ne sont pas des "ont dit" mais bien des constatation sur les machines qu'il m'a été donné d'observer ou de restaurer

au moins, c'est clair

ebourzeix a écrit:au moins, c'est clair

une belle illustration d'une coque peinte en vert avec sous couche blanche



une autre de coques peintes en verte sous couche verte (comme le "géant vert") notons que les oxygers de gauche et de droite ont le bouton de réglage de la palette vert (comme "geant vert") par contre celui du milieu a le même bouton noir



une coque oxygers décapée qui laisse apparaitre son epoxy (sans fibre) et l'après de peinture blanc



pour mémoire coque traitée epoxy :



et coque nue en laiton :

et pour terminer la revue de détail du revêtement des Oxygers un vue macro du "geant vert"



on peut clairement voir

1°) la matrice fibrée : du tissé de verre imprégné de résine (marrant c'est différent de la fibre du DC55 qui elle est en flocage) : le tissé de verre apparait blanc aux traces d'usures ce qui est normal, au vue des courbes que prend ce tissus de verre on se rend compte qu'il a été posé en étant imprégné de résine afin de suivre les courbes de la machine

2°) une résine tintée ou un gel coat de couleur vert clair : la couche est assez épaisse

3°) une peinture verte en couche mince sur la résine mais aussi sur les parties métalliques qui elles n'ont pas été revêtue de résine : la peinture est vert nettement plus foncé

Après cet intermède sur les finitions des Oxygers, que j'espère assez documentée et raisonnée : et non basé sur "j'ai entendu dire que le frère de ma tante connaissais un cuisinier qui avait connu un NC lui ayant dis que les Oxygers n'était pas peints donc c'est bien la preuve que c'est vrai" on va pouvoir se consacrer a l'essentiel : faire revivre cette machine historique

maintenant que le démontage est fait il va falloir passer a un décapage et un surfaçage en règle : car peindre sur cette surface serai tout bonnement impossible : je pense d'abord procéder a un microbillage a faible pression puis un ponçage manuel, ensuite viendra une étape de restauration a la résine epoxy des manques sur la coque

un joli programme en perspective

a suivre .....

on voit bien la peinture

merci pour tes explications, le néophyte que je suis comprend tout

par contre, il a bien dérouillé...oxydé...costaud quand même la bêbête

Superbe état des lieux, comme d'habitude (on devient blasé... )

Vivement la suite!

ebourzeix a écrit:par contre, il a bien dérouillé...oxydé...costaud quand même la bêbête

Ouais mais le bouzin a près de 60 ans! Alors tu l'excuseras d'avoir pris quelques gnons dans la gueule!

Sinon, je me demande comment évolueront nos recycleurs en plastoc d'ici 50 ans....

un MK2C dans 60 ans ?

pas forcément en mauvais état....regarde les caoutchouc des Cressi 57B, ça tient plutôt bien le coup sur la durée...tout dépendra de l'exposition aux UV.

mais c'est une autre philosophie, plus dans le consommable.

Pinaise, ya pas à dire, c'est beau!!!!!!

La suite!!!! La suite!!!

comme prévu au programme de la restauration voici le résultat du microbillage moyenne pression (4 bars) de la coque :







les résidus de peinture on disparus, les surfaces laiton sont décapées

note vous voyez ici la coque humide puisque je viens de la laver a grande eau pour chasser les microbilles qui pouvaient subsister dans les recoins de la machine

il va ensuite falloir passer a la restauration des trous et bulles de la résine originale, je vais utiliser un mastic de carrossier pour combler ces trous ...

c'est la prochaine étape a suivre ici !

Il est très joli comme ça aussi!

Miam, c'est très impressionnant, le microbillage.

Akronyme a écrit:Il est très joli comme ça aussi!

Miam, c'est très impressionnant, le microbillage.

le microbillage est une variante du sablage a l'air : des microbilles calibrées en silice (taille environ 50 microns) sont soufflées sous pression dans une lance que l'on dirige sur la pièce : la pression de l'air est variable de 2 a 6 bars : pour de l'alu je microbille a 2-3 bars, pour de l'inox a 4-5 bars après un premier essai a 2 bars j'ai augmenté la pression de service a 4 bars afin de bien décoller la peinture originale et a mater le laiton et la fibre pour préparer la surface a la peinture

Après séchage complet de la machine on passe a la restauration de la fibre : opération pas évidente ..... que choisir comme matériau de remplissage : bien sur j'aurai pu prendre une epoxy mais ces dernières sont très peu tixotropiques (elles coulent) j'ai donc décidé d'utiliser une colle a base polyuréthane de chez Loctite : Terokal-9225 bi-composant : utilisé entre autre en carrosserie pour le comblement



normalement utilisée au pistolet je préfère quand a moi préparer le mélange dans une coupelle jetable et mélanger/appliquer a l'aide d'un mélangeur manuel jetable

j'applique donc a la spatule le mélange



maintenant on attend la polymérisation ...



pour ceux qui voudraient utiliser ce produit il existe aussi une référence Terokal-9225-UF dite "ultra fast" je ne l'aime pas trop car elle polymérise vraiment TRES vite (moins d'une minute) je trouve cela trop rapide, mais ça peut aussi être utile

a suivre ......

Merci

Belle maitrise
Impatient de voir évoluer le travail

Merci encore

encore du travail au Terokal : plus délicat car il s’agit de réparer les bords de la machine ou la fibre commence a se délaminer



quelques trous a combler



photo intéressante ou l'on voit que le dessous la la machine était lui aussi fibré mais par flocage et non en tissus

remy a écrit:Merci

Belle maitrise
Impatient de voir évoluer le travail

Merci encore

merci pour le compliment ... impatient je le suis aussi .... mais je sais qu'il ne faut pas l'être car c'est un boulot qui demande patience et réflexion, avec en tête l'idée de respecter au mieux cette pièce historique de la plongée : donc pas question de griller des étapes ou faire de l'a peu près !

de plus je ne suis pas le propriétaire de la machine : cela impose une pression supplémentaire donc je préfère prendre mon temps pour ne surtout pas faire de boulettes. Travailler sur une pièce actuelle "remplaçable" n'impose pas la même méthode : ici on est dans le vintage militaire, autant dire que la pièce est rarissime et que sur cette machine spécifique (un proto de développement) on est sur du quasi unique

les techniques utilisées s'apparentent pas mal a celles d'un carrossier sur voiture ancienne , pas étonnant pour une machine réalisée en chaudronnerie et fibre de verre

encore une étape aujourd'hui : premier ponçage du Terokal : nettement plus sympa a travailler que de l'epoxy mais vu les épaisseurs il y aura pas mal de travail de ponçage



lors de ce premier ponçage je peux observer des manques : du coup 3eme application de Terokal la ou ça manque

T'as des belles journées de restaurations en perspective!

Je suis fan de ton boulot minutieux!

Akronyme a écrit:T'as des belles journées de restaurations en perspective!

Je suis fan de ton boulot minutieux!

merci, les compliments font non seulement plaisir a lire mais m'encouragent !

quand au minutieux ... je n'en suis pas encore la .... c'est de la petite bière coté minutie a coté du maquettisme, par contre cela demande plus de travail de réflexion et de recherche sur les matériaux, la c'est pas une maquette plastique qui se colle et se peint a l'acrylique ... c'est fait pour aller dans la flotte et être étanche ! car bien sur le but du jeu est bien de rendre "géant vert" 100% fonctionnel

pour ceux qui voudraient se lancer : donc je dirai que :

- je pense qu'il faut être bricoleur et pas trop manche de ses dix doigts bien que l'habileté de haut vol ne soit pas impérative
- c'est un boulot finalement assez "rustique" (on ne travaille pas au 1/10 mm),
- mais qui demande de l'adaptabilité, de l'inventivité pour trouver des solutions de restauration moderne sans altérer l'aspect ancien
- une bonne connaissance de la machine est requise (mais bon j'ai la chance d'avoir 2 Oxygers dont 1 que j'ai entièrement restauré),
- avoir accès aux matériaux qui vont bien (colle, résine, peinture, visserie éventuellement sableuse/microbilleuse ...)
- avoir des pièces pour remplacer les manquantes / abimées (mais entre moi et Eric ça devrai le faire   )
- bien se documenter et faire des recherches afin de réaliser un travail respectant au mieux l'état original de la machine (je trouve par exemple qu'il aurai été très dommage de restaurer cette machine aux standards 57/97 et de le peindre en noir) : mais la le forum FROG c'est top

ceci étant dit c'est une aventure vraiment top, on découvre, on apprend ... rien ne remplace un démontage et une observation de la façon dont une machine était fabriquée, cela permet de la connaitre comme aucun livre ne pourra vous l'apprendre

bon trêve de plaisanterie .... on passe au ponçage : du classique trois grains : P120, P180 puis P400



étant donné qu'il est très difficile de visualiser des défauts restants, je fais un flash de peinture qui n'est en rien la peinture définitive (même si j'ai utilisé la couleur finale) dans cette étape on peut aussi utiliser de la peinture blanche : l'avantage de faire un flash de la couleur finale est qu'en cas de rayures il n'y a pas de sous couche blanche .... et que ça apaise votre curiosité qui vous pousse a demander ... quelle gueule va avoir la bête !







"green giant" is looking green

vu la finesse de la couche (c'est vraiment un simple flash très léger) il est normal de bien voir la trame de la fibre qui ensuite sera recouverte (je pense que cela sera une peinture a 7-8 couches) cette couche n'est la que pour me révéler les défauts a combler : il y en a encore ....

donc ça va être retour résine, ponçage

Excellent! J'ai hâte de l'essayer

Akronyme a écrit:Excellent! J'ai hâte de l'essayer

moi aussi ... mais a mon avis le propriétaire e la machine doit avoir encore plus hâte

et encore il n'a pas vu les dernières photos

maintenant que le flash de peinture a séché je peux passer au ponçage des zones ou il y a encore des petits manques dans la fibre et repasser quelques pointes de Terokal

maintenant séchage puis reponçage mais cette fois ci cela sera sur toute la surface et je passerai une première couche d'accroche si tout va bien .... sinon en reviens au ponçage local et remplissage la ou il y a des manques



notez que maintenant que la peinture est seiche on commence a se rendre compte de ce que sera la couleur définitive